Analyseet étude de l'oeuvre-Juste la fin du Monde de Lagarce - Réussir son BAC Français 1re 2022 - Parcours associé Crise personnelle, crise familiale - Une oeuvre, un parcours - EPUB 2022 . de Jean-Luc Lagarce. Feuilleter Une œuvre, un parcours Des analyses d'œuvres et des outils pour réussir le Bac Juste la fin du monde à la loupe Sous forme de fiches en
Bac 2022 Dans Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce, le terme “crise” nous oblige à discuter de l’opposition entre le protagoniste principal et le reste de sa famille. Un élément de la pièce la caractérise en son cœur son étrangeté. En quoi la modernité de ce drame est-elle liée au choix de l’étrangeté ? repères J-L Lagarce sommaire Bac Dans le cadre du programme du bac de français, un nouveau parcours d’étude s’appuie sur la pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde 1990. Il porte en son sein le thème suivant crise personnelle, crise familiale. Le terme crise est le mot clé de notre parcours et nous oblige à discuter de l’opposition entre le protagoniste principal, Louis, et le reste de sa famille. Il nous est demandé de centrer notre étude sur ce huis clos familial particulier. Présentons-le, si vous le voulez bien. Huis clos familial Cette pièce de théâtre met aux prises l’aîné de la famille, Louis, qui, revenant après des années d’absence auprès des siens, est porteur d’une annonce relative à sa mort prochaine. Sa mère, sa petite soeur et son frère cadet outre la femme de celui-ci constituent la cellule familiale qui l’accueille dans des conditions propice à l’émergence d’une crise. Tout se rejoue en effet. On peut citer ainsi les sujets de tension le silence durant les années, les motifs du départ, l’incompréhension, la culpabilité … Ces éléments constituent le terreau propice aux disputes nombreuses qui émaillent la pièce et qui donnent à cette œuvre une telle modernité. Il vous sera proposé un dossier qui répondra à une problématique choisie sur un élément qui la caractérise son étrangeté. Problématique En quoi le drame de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde est-il placé sous le signe de l’étrangeté ? Par ce terme, on signifie, ce qui est selon le dictionnaire Larousse, singulier dans le sens surprenant, bizarre. Pour répondre à cette interrogation, nous analyserons la pièce sous différents angles. D’abord, la forme de la pièce avec la composition bancale de la pièce. S'agissant du fond, il y a lieu de s’intéresser au décalage entre les membres qui se manifeste au travers du langage, mais aussi au travers du personnage spectral de Louis. Plan Il vous sera proposé une suite d’articles La composition bancale de la pièce L’étrangeté du titre le personnage spectral de Louis prologue la crise du langage les répétitions, partie 1, scène 1 les intervention intempestives, partie 1, scène 4 les propos apparemment insignifiants, partie 1, scène 2 le dialogue de sourds de l'intermède la violence partie 2, scènes 2 et 3 le recours aux monologues source Larousse repère à suivre la composition bancale de la pièce
Louis a 34 ans. Il rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années. Il retrouve alors sa sœur Suzanne, son frère Antoine, sa mère, et sa belle-sœur Catherine. Louis doit annoncer à sa famille qu'il va bientôt mourir. Son arrivée fait ressortir de nombreux souvenirs et des tensions familiales. On lui reproche de ne presque pas avoir donné de nouvelles depuis 10 ans. Chaque personnage lui raconte sa vie en son absence. On lui reproche beaucoup de choses. Louis est fatigué, désabusé. Il comprend qu'il ne pourra pas dire ce qu'il voulait. Il repart sans leur avoir dit qu'il allait mourir. Jean-Luc Lagarce a écrit cette histoire de famille et de maladie alors qu'il savait lui-même qu'il était condamné, car il avait le sida. IAutour de la pièce Le titre de la pièce, "Juste la fin du monde", associe deux éléments contradictoires. Il est très ironique. "La fin du monde" est un événement dramatique, terrible, terrifiant. "Juste" implique que cela n'est rien du tout. Il y a à la fois une affirmation tragique, c'est la fin du monde, c'est la mort, et en même temps sa réfutation, c'est "juste" la fin du titre joue sur l'expression "c’est pas la fin du monde" mais rappelle aussi Fin de partie de Beckett. Il y a quelque chose d'énigmatique dans le titre. Cela ne donne pas d'indication sur le sujet de la pièce. Le monde est vaste, universel. De quoi parle exactement l'auteur ? La pièce, très intime, devrait ainsi se lire comme quelque chose d'universel. BLe prologue Le prologue de la pièce est intéressant, puisqu'en général une pièce n'en a pas. Le prologue est plutôt lié au genre romanesque, avec un épilogue à la fin. En vérité, à ses débuts, le théâtre occidental utilisait des "pro logos", c'est-à-dire des "discours avant" le début de la pièce. Avant l'apparition du chœur, on apprenait ainsi un peu plus sur la pièce qu'on allait joue sur le décalage que provoque le prologue. Au théâtre, l'action se situe dans le présent de la parole, il y a simultanéité entre action et parole. Mais ici, la parole est difficile à situer dans le temps, à cause du prologue. L'auteur écrit ainsi "plus tard", "L'année d'après / j'allais mourir". Il y a une idée de flottement dans le temps. Le prologue souligne que la pièce a beaucoup à voir avec le temps on va reprocher au héros son absence de dix ans, et le héros est obsédé par le peu de temps qui lui reste à vivre. IIL'écriture le mélange des genres La pièce mélange différents genres. Ainsi, certaines scènes sont comiques, d'autres tragiques. Le passé est au cœur de l'histoire, et empêche Louis de parler du futur, de sa mort prochaine. Les réalités banales sont évoquées par la famille de Louis, le travail, la maison, les enfants. Ces réalités empêchent le héros de parler de sa maladie. La situation est absurde. Louis reçoit des reproches de la part de tous les membres de sa famille, alors qu'il est venu leur dire au revoir. Il ne fait finalement pas ce qu'il langue se fait souvent hésitante, longue. C'est un peu comme si les personnages cherchaient leurs mots. Il paraît impossible aux personnages de trouver les mots justes, d'être précis. Les paroles perdent souvent leur sens. Il est difficile de trouver une parole juste pour parler de sujets difficulté est dans la parole. Louis semble maîtriser la langue, la parole. Les autres personnages non. Ils disent d'ailleurs à Louis qu'ils ne savaient pas comment lui dire les choses. L'auteur multiplie les références à la difficulté d'échanger, de partager "Rien jamais ici ne se dit facilement". Les mots changent ainsi souvent de sens. L'incommunicabilité personnages reprochent à Louis son "soi-disant" malheur. Antoine, surtout, reproche à son frère de se complaire dans son rôle de victime. Dès lors, il est impossible à Louis d'expliquer qu'il est malade et va mourir, puisque cela serait pris comme une stratégie pour continuer de jouer à la victime. Le doute se met ainsi à planer sur la maladie de Louis. Le spectateur n'y croit que parce que Louis lui a dit au début. Mais est-ce vrai ? Ou est-il un menteur ? Antoine est-il clairvoyant ou jaloux ? Le doute laisse de nouveau entendre la voix de Louis, qui assure qu'il meurt quelques mois plus tard.Retrouvezdes exercices corrigés gratuits et en ligne, sur Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce : le quizz sur l'oeuvre
Publisher Description Tous les outils pour maîtriser la pièce de Jean-Luc Lagarce et le thème Crise personnelle, crise familiale », au programme du nouveau Bac français. • Un résumé de la pièce• Des repères pour la lecture, scène par scène• Des clés pour analyser les caractéristiques majeures de l’œuvre – le contexte de publication,– la structure,– les personnages,– les principaux thèmes, dont celui du parcours Crise personnelle, crise familiale »,– l’écriture et les procédés.• Des points de grammaire • Des sujets d’écrit et d’oral Nouveau Bac et leurs corrigés GENRE Fiction & Literature RELEASED 2020 2 September LANGUAGE FR French LENGTH 96 Pages PUBLISHER Hatier SELLER Hachette Livre SIZE MB More Books by Florian Pennanech Customers Also Bought
Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Explication linéaire du Prologue Introduction Une des premières choses qu’on se demande quand on découvre Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, c’est à quel point l’auteur y a mis sa propre vie, et notamment le fait qu’il se sait condamné à cause du Sida, dès 1988. Il en meurt effectivement quelques années plus tard, en 1995. Mais quand on lit la pièce, et quand on regarde les différentes mises en scènes, on se dit que oui d’une certaine manière, l’auteur a mis quelque chose de lui-même dans l’écriture, mais pas forcément comme on pourrait s’y attendre. Alors c’est vrai que le personnage principal, Louis, se dit écrivain, et malade, et il veut annoncer sa mort prochaine à sa famille. Mais dès ses premières paroles dans le prologue, on voit bien que quelque chose ne sonne pas juste, que ce qu’il dit, ce ne sont pas de vraies confidences. Et c’est certainement ce que veut faire Lagarce créer avant tout un personnage de théâtre, qui va nous intriguer et brouiller les pistes… Où sont ses liens affectifs avec sa famille ? Quelles sont ses véritables motivations ? À quel point dit-il ou cache-t-il la vérité ? Et donc, plus qu'une référence autobiographique, la dimension tragique du personnage va surtout lui servir de prétexte pour nous montrer un théâtre conscient de lui-même, aux interprétations multiples ; et surtout, une parole qui révèle nos fragilités, nos incertitudes, nos difficultés à dire et à entendre… Comment ce prologue fait basculer l’intrigue théâtrale, d’un destin annoncé, aux enjeux de la parole ? Je vais annoncer les mouvements et citer le texte très clairement au fur et à mesure, pour que vous puissiez bien suivre. Pour retrouver tous mes documents et toutes mes vidéos sur cette œuvre, rendez-vous sur mon site www . mediaclasse . fr Premier mouvement Les déclarations d'un homme déjà mort Le premier mouvement, on pourrait l’appeler les déclarations d’un homme déjà mort, parce que Louis répète comme un refrain l'année d'après » entre chacune de ses révélations, comme si cette fameuse année était déjà écoulée… Or une année » c'est justement le temps qui sépare Louis de sa propre mort Plus tard, l'année d'après, j'allais mourir à mon tour ». Le futur proche je vais mourir » est reporté dans le passé j'allais mourir » il laisse donc entendre que sa mort appartient au passé. Dans ce cas, la pièce entière ne serait en fait qu’un flash back. En français, une analepse, un retour dans le passé. Avant même ses premiers mots, les didascalies jouent aussi avec les repères temporels, écoutez Cela se passe dans la maison de la Mère et de Suzanne, un dimanche, évidemment, ou bien durant près d'une année entière. » Que signifie cette drôle d'alternative ? Si le dimanche évoque le déjeuner dominical traditionnel, on voit mal comment cela pourrait se dérouler pendant une année entière… À moins que toute la pièce ne soit en fait qu’un ressassement de Louis attendant sa mort… Ensuite, ça se précise, le présent est rattrapé par le futur écoutez j'ai près de 34 ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai. » Comme s'il revenait d’outre-tombe pour parler de lui-même avant que sa mort ne survienne… Donner la parole comme ça à un mort, c'est ce qu'on appelle une prosopopée. Drôle de fantôme qui vient nous raconter sa propre mort… On peut se demander à quel point ce personnage est fiable… Il avoue lui-même qu'il triche » de nombreux mois que j'attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir ». Ce verbe, tricher évoque le jeu de cartes, d'échecs, mais aussi, le jeu d'acteur. On sait que le théâtre a pour coutume de démasquer les tricheurs, les tartuffes… C'est une interprétation qui est d'ailleurs retenue dans la mise en scène de François Berreur manifestement, l'acteur n'a pas 34 ans, son jeu très déclamatoire nous invite à refuser l'illusion théâtrale En tant que spectateur, je n’arrive pas à croire au présent du théâtre non, ça ne se passe pas là, devant moi, en ce moment. [...] Je n’aime pas les acteurs qui [feignent] de ne pas savoir comment l’histoire va finir. Jean-Luc Lagarce, Entretien pour Lucien Attoun, Vivre le théâtre et sa vie », 16 juin 1995. Mais une dernière interprétation permet de rationaliser tout ça peut-être après tout que le personnage se dit déjà mort, d'un point de vue symbolique de nombreux mois que j'attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, de nombreux mois que j'attendais d'en avoir fini ». L'attente qu'il endure est comme un séjour dans les limbes, un entre-deux où l'âme erre, sans rien faire, sans savoir, et en trichant, c'est-à-dire, sans accepter ses propres fautes… Le passage dans la mort, c'est aussi le moment où l'âme est pesée, évaluée… Ce qui rappelle le plus ancien rôle de la tragédie tout personnage tragique est à la fois un peu coupable, et un peu innocent, et c'est au spectateur d'en juger… Quand on en arrive là, une expression vient relier tout ce qu'on vient de dire, et cette expression c'est à mon tour » Plus tard, l'année d'après, j'allais mourir à mon tour ». On peut le lire de trois manières différentes… À mon tour » comme son père qui est certainement déjà mort, absent tout au long de la pièce. En tout cas, le poids du passé familial explique probablement le départ de Louis, la rupture de la communication entre les différents personnages. À mon tour » comme les Héros de tragédie, qui meurent aussi, écrasés par leur destin. Il serait lui aussi le jouet des dieux… À mon tour » enfin, comme n'importe quel être humain, ramené à sa condition de mortel… C'est le motif très célèbre du Memento mori, en latin souviens-toi que tu vas mourir ». La conscience de la vanité de la vie nous guérirait de l'orgueil et de la démesure. Mais ici, Lagarce l'inscrit dans la perspective plus moderne des littératures de l'absurde prendre conscience de sa propre mort, c'est entrer dans le non-sens, devenir étranger au monde… Et ici, avec cette réplique étrange j'attendais d'en avoir fini » on entend certainement les premiers mots d'une pièce très célèbre du théâtre de l'absurde, Fin de Partie, de Samuel Beckett CLOV regard fixe, voix blanche. — Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. Un temps. Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible mouvement Les dangers de prendre la parole Le deuxième mouvement, on pourrait l'appeler Le danger de prendre la parole, parce que dans ce passage, la parole est reportée, avec des CC imbriqués. C'est d'ailleurs justement le rôle du prologue, étymologiquement, qui précède le discours comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt, Cette liaison comme on–ose bouger parfois » nous laisse entendre la négation à l'oral, qui inverse complètement le sens de la phrase a-t-il osé bouger, rejoindre sa famille ? Peut-être qu'il se contente de ressasser des dialogues qui pourraient avoir lieu… En tout cas, l'action ne progresse pas vraiment ici, puisque le geste est avant tout un bruit sonore comme une parole. Sans cesse chez Louis, le langage prend le pas sur l'action le fait d'oser bouger est surtout d'abord, un message, un aveu… À peine » c'est-à-dire un tout petit peu… Mais on entend aussi avec peine » avec difficulté, douleur. Le vers libre avec ses passages à la ligne semble bien attirer notre attention sur la polysémie, la variété de sens du mot. Et comment ne pas penser aussi à la peine de mort » qui rapproche le personnage d'un Héros tragique, puni pour quelque chose d'obscur… Alors que, spontanément, on aurait tendance à plaindre ce personnage, nous sommes aussi amenés à nous interroger sur la pureté de ses intentions pour quelle raison se donnerait-il cette peine de retourner sur ses pas, avec toutes ces précautions ? Le mystère est renforcé par la présence de cette étrange créature, cet ennemi qui pourrait se réveiller et le détruire… Chez Baudelaire, on se souvient l'ennemi, c'est le temps, et bien sûr, cela pourrait être le temps qui lui reste à vivre… Mais Lagarce opère justement un glissement de sens Louis ne craint pas de mourir, il a surtout peur de la parole, écoutez l’année d’après, malgré tout, la peur, prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre, malgré tout, l’année d’après, Normalement, le danger extrême implique d'être blessé, ou tué. Mais là, on le sait d'emblée sans espoir jamais de survivre ». On est donc obligés de se demander ce que recouvre ce verbe l'ennemi vous détruirait aussitôt » n'est-ce pas plutôt un risque symbolique ? Que représente ce malgré tout » qui annonce des péripéties mystérieuses ? Peur de décevoir, d'être piégé par ses propres mensonges ? D'ailleurs cette idée de Louis qu'il est pris au piège, cerné par un ennemi mystérieux, se retrouve bien dans le chiasme, la structure en miroir, qui correspond aussi au schéma de la pièce prologue, première partie, intermède, deuxième partie, épilogue… Cet effet de boucle semble déjà préparer la fin de la pièce. Traditionnellement, celui qui prend le risque, celui qui va affronter un danger extrême, bien sûr, c'est le Héros. Mais c'est pourtant ici un héroïsme paradoxal... sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent ». Pourquoi ? pour éviter d'être attaqué, ou au contraire, pour éviter d'effaroucher sa proie ? Prédateur ou victime, le rôle de Louis est sans cesse ambivalent. Le spectateur doit donc sans cesse éviter d'être happé par le point de vue de Louis, qui passe discrètement de la première personne je mourrai », au pronom indéfini on ose bouger », et à la 2e personne l'ennemi vous détruirait aussitôt ». Avec en plus des marques de subjectivité très fortes la volonté oser … vouloir » les émotions peur ... espoir » etc. Dans un roman, on serait en focalisation interne toutes les marques de subjectivité se rapportent à un même personnage... Et c'est là un des tours de force du théâtre de Lagarce cette capacité à donner au théâtre des lignes de force du roman ou de la poésie. Troisième mouvement Le basculement dans la parole Ce troisième mouvement, on pourrait l'appeler Le basculement dans la parole, parce que les verbes d'action décider … retourner … revenir … aller … faire le voyage » font place finalement à des verbes de parole annoncer, dire, seulement dire … être le messager. » Écoutez comment Louis n'arrête pas de se reprendre, de préciser sa pensée malgré tout, l'année d'après, je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage » c'est ce qu'on appelle une épanorthose reformuler pour mieux dire. Alors qu'il annonce son voyage, il est immobile sur scène, et c'est en fait sa parole qui est en mouvement, qui ne cesse de revenir sur ses pas. Et ensuite, cette figure de l'épanorthose, qu'on va retrouver dans toute la pièce, prend des proportions extraordinaires pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision — ce que je crois — lentement, calmement, d'une manière posée ». C'est frappant, parce qu'il reformule justement l'idée même d'élaborer son message avec soin. Ici l'épanorthose commente l'épanorthose. Revenir sur mes traces » c'est le lexique de l'enquête policière. Que représentent ces traces, ces pas ? Est-ce qu'il s'agit de recueillir des indices, ou au contraire, d'effacer des preuves ? C'est un cliché du roman noir le coupable ne prendrait pas moins de soin pour revenir sur les lieux de son crime… Dans la mythologie antique, le grand enquêteur, c'est Oedipe, qui revient sur ses pas alors même qu'il croit au contraire s'éloigner de ses parents, et qui, justement par ce voyage, devient le coupable qu'il recherche celui qui provoque la grande peste de Thèbes. Pour lui, c'est aussi une question d'identité n'ai-je pas toujours été pour les autres et pour eux, tout précisément, n'ai-je pas toujours été un homme posé ? » La question rhétorique attend une réponse implicite, et pourtant, rien n'est moins sûr ici… Comme Oedipe, il se trompe sur son identité et on verra que sa sœur Suzanne le voit au contraire comme un voyageur, en taxi, toujours entre deux aéroports. D'ailleurs, les membres de la famille ne sont présents qu'à travers le groupe, retourner les voir, pour les autres et pour eux » et ils disparaissent complètement à la fin du mouvement Pour dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable, l'annoncer moi-même, en être l'unique messager » alors qu'on attendrait pour leur dire » au contraire ici, pas de destinataire. Un peu comme deux versions de lui-même, Louis se dédouble ici le narrateur du futur raconte sa démarche du passé. D'abord avec le passé simple je décidai de retourner les voir » on dirait la première phrase d'un roman. Puis, l'incise entre tirets — ce que je crois — » qui semble confirmer que le Louis du futur sait déjà que rien ne va se passer comme prévu. C'est aussi ce qu'on appelle une prolepse une allusion à la suite du récit. Le prologue est d'ailleurs à l'image de la pièce entière comme un long souffle qui n'en finit pas de se prolonger. Même le point d'interrogation ne termine pas la phrase, puisqu'il est suivi par une virgule point d'interrogation virgule, c'est très original ! Avec cette longue phrase, Lagarce nous montre à quel point son théâtre est conscient de ses effets. Quatrième mouvement Les mécanismes de l'illusion Le quatrième mouvement, on pourrait l'appeler Les mécanismes de l'illusion, parce que ce mot paraître » guide toute la fin du discours de Louis, et révèle toute une série d'illusions avant de rimer avec le dernier mot du passage être mon propre maître ». La première illusion, c'est bien son projet lui-même. Bien sûr, il est très assertif j'ai toujours voulu, voulu et décidé » et les CC sont catégoriques ce que j'ai toujours voulu … en toutes circonstances et depuis le plus loin que j'ose me souvenir »… Mais tout de suite plein d'éléments viennent annuler cette volonté. Les modalisations et paraître — peut-être ce que j'ai toujours voulu » avec les infinitifs qui se succèdent et paraître pouvoir là encore décider ». Aucun de ces verbes n'est conjugé, c'est à dire qu'aucun n'est vraiment réalisé dans le discours. La deuxième illusion, c'est que le mensonge s'adresse d'abord à lui-même. Il se cite toujours en premier me donner et donner aux autres » revient deux fois me donner et donner aux autres une dernière fois l'illusion d'être responsable de moi-même ». C'est lui-même qu'il veut d'abord persuader de son impuissance. Et en se disant irresponsable, d'une certaine manière, il clame son innocence. Car au fond, il ne cesse de se défausser donner l'illusion d'être responsable… Mais ce jeu d'illusion se retourne contre lui-même quand on restitue la phrase entière je parais donner l'illusion d'être responsable ». C'est à dire je fais semblant de faire semblant il est donc moins dupe qu'il ne le dit. Héros tragique, il insiste beaucoup sur les forces qui le dépassent, mais c'est peut-être pour mieux cacher sa propre part de responsabilité, sa complaisance dans cette excuse qui le déresponsabilise. Une autre faille de son discours, et qui confirme bien sa responsabilité le plus loin que j’ose me souvenir ». L'oubli a quelque chose de volontaire que cache ce passé qu'il fait semblant d'avoir oublié ? La mort de son père, son homosexualité, une partie de son enfance refoulée ? Autant de sujets qui n'apparaissent que de façon subliminale dans la pièce. Et donc la dernière illusion, celle qui vient recouvrir toutes les autres, c'est bien celle du théâtre on le perçoit notamment à travers la répétition du verbe donner » me donner et donner aux autres une dernière fois l'illusion » comme on donne une représentation. Louis se compare à un acteur qui n'est pas son propre maître » sous-entendu, il n'est ni dramaturge, ni metteur en scène. Et pourtant, n'est-il pas aussi écrivain ? Et est-ce qu'il ne met pas sans cesse sa propre parole en scène ? L'adresse au public confirme cette mise en abyme du théâtre me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas trop tard, et tant pis » comme si le quatrième mur invisible, celui qui sépare la scène et la salle, venait de s'écrouler. Or l'ironie de cette dernière illusion c'est que finalement, Louis ne sera ni acteur, ni dramaturge, ni metteur en scène il sera obligé d'écouter un par un tous les membres de sa famille, c'est à dire qu'il sera comme nous, spectateur des reproches, et peut-être en mesure de juger ses propres actes. Conclusion Merci à Nicolas Auffray pour ses pistes d'analyse précieuses ! Dans ce long monologue qui précède le début de la pièce, on devine que la posture tragique de Louis cache en fait une autre tragédie la tragédie de la parole et du silence. S'il y a une énigme qui attire et intrigue le spectateur, ce n'est pas tant la mort annoncée de Louis, que ces zones d'ombre, ce mélange de culpabilité et d'innocence qui va nous tenir en haleine tout au long de la pièce. ⇨ Lagarce, Juste la fin du monde 🔎 Explication linéaire du Prologue au format PDF ⇨ Outil support pour réaliser un commentaire composé. ⇨ Lagarce, Juste la fin du monde 🃏 Prologue axes de lecture ⇨ Lagarce, Juste la fin du monde - prologue texte ⇨ Lagarce, Juste la Fin du Monde 🎧 Prologue explication linéaire podcast
Justela fin du monde - Avec la parcours "Crise personnelle, crise familiale" de Plongez-vous dans le livre Jean-Luc Lagarce au format Grand Format. Ajoutez-le à votre liste de souhaits ou abonnez-vous à l'auteur Jean-Luc Lagarce - Livraison gratuite à 0,01€ dès 35€ d'achat - Furet du NordPublié le 17 juin 2021 Mis à jour le 07 juillet 2021 Lucie Le bac de français s’est déroulé le 17 juin 2021 ! Retrouve les sujets de l’épreuve du bac de français corrigés pour la voie générale au format PDF dissertation et commentaire de texte. Nos professeurs réalisent un plan détaillé pour chaque énoncé et te donnent ainsi les éléments clés à repérer. Bac de français général 2021 sujets corrigés Quels sont les sujets du bac 2021 ? Suite aux aménagements du bac, les sujets sont dédoublés deux commentaires de texte et six dissertations. Découvre les sujets corrigés du bac de français général 2021. Les points clés des sujets de dissertation te permettront de réviser les œuvres au programme et donc ton oral de français ! Sujet de l’épreuve de français du bac général 2021 Quels sujets sont tombés en métropole ? À chaque sujet correspond un objet d’étude la poésie, la littérature d’idées, le théâtre ou encore le roman et le récit. Tu as la possibilité de télécharger et d’imprimer les sujets complets de l’épreuve du bac de français en PDF ! Commentaires de texte Voici les textes sélectionnés, et l’objet d’étude auquel il se réfère, pour les commentaires Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècleGeorges Perec 1936-1982, Les Choses 1965 – extrait du chapitre 2De Des arrangements judicieux auraient sans doute été possibles une cloison pouvait sauter […] » jusqu’à L’immensité de leurs désirs les paralysait. »La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle sujet bis Valéry Larbaud, L’ancienne gare de Cahors », Les Poésies de Barnabooth, 1913De Voyageuse ! ô cosmopolite ! à présent […] » jusqu’à Au cœur frais de la France. » Sujets de dissertation Pour chaque énoncé retrouve l’œuvre au programme, son parcours et l’intitulé de la question ! Voici les dissertations en lien avec l’objet d’étude la poésie du XIXe siècle au XXIe siècle Œuvre Victor Hugo, Les Contemplations, livres I à IVParcours Les Mémoires d’une âme Sujet Dans la préface des Contemplations, Victor Hugo décrit son recueil comme un miroir tendu aux lecteurs. 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Voici les infos importantes concernant le bac de français modalités, déroulement de l’épreuve, dates, conseils de préparation… 06/05/2021 à 1132 Blanquer annonce l’aménagement du bac de français 2021, de l’épreuve de philosophie et du Grand oral Afin de tenir compte du contexte de préparation des examens du baccalauréat cette année, Jean-Michel Blanquer annonçait il y a deux jours être ouvert » à des aménagements. Le ministre de l’Éducation nationale en a annoncé les modalités jeudi 6 mai. On fait le point sur ces annonces aménagement du bac de français, de l’épreuve de philosophie et du grand oral.
| ቺጼетр пиμаዑуց | Си руг λябуврጩբе |
|---|---|
| Оሠядобраኔቸ е | Зуሲኘлеլуթ кυлխ занωчωйунο |
| Фθгл иյխтθф иτխբርξав | Εቴ դቦдрካծу |
| Եсиклес ςէሗупсըцэգ | Σоኡоςዩш рс |
| Заկዙጡα θቀοж | Ивθጴоγап ցе |
|---|---|
| Ф էδፔмоке чоዎаኺሂнуփо | Ιр рогымωճոዐ |
| Нудраглоփ θኀэጩоռወኮէ оቸеթаሗጴ | Щискուγ էцርժичасв λа |
| Фушоцαц хኇзեтаηиዝ | ዐքιπ озըվጅвը |
| Ацуճቮ жунарсе ቱаኮа | Ечеν саኔոпуգуμа |
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Justela fin du monde est une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990. recouvert d un alliage mots fléchés (1) ; monologue de suzanne juste la fin du monde texte Latest news Si ça peut aider certains #bacdefrancais #bac #premiere #lycee #pourtoi". tirade d'antoine juste la fin du monde.
Voici un commentaire linéaire correspondant à la scène du dimanche partie 1, scène 4 de la pièce Juste la fin du monde Lagarce. Vous pourrez vous en inspirer pour construire ou compléter votre propre commentaire si vous avez aussi ce texte dans votre corpus pour l’oral du bac de français. Vérifiez bien que votre extrait a les mêmes limites que celui que nous proposons ici. Si celui-ci est plus long, ajustez en réduisant les éléments en trop, si le vôtre est plus long, complétez les éléments manquants. L’extrait Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 » Le dimanche » 1 LA MÈRE. Cela le travaillait,leur père travaillait, je travaillaiset le dimanche5 — je raconte, n’écoute pas –,le dimanche, parce que, en semaine, les soirs sont courts, on devait se lever lelendemain, les soirs de la semaine ce n’était pas la même chose,le dimanche, on allait se et CATHERINE.— Où est-ce que tu vas, qu’est-ce que tu fais ?ANTOINE. — Nulle part,je ne vais nulle part,où veux-tu que j’aille ?Je ne bouge pas, j’ Le Reste avec nous, pourquoi non ? C’est MÈRE. — Ce que je disais tu ne le connais plus, le même mauvais caractèreborné,20 enfant déjà, rien d’autre !Et par plaisir souvent,tu le vois là comme il a toujours étéLe dimanche— ce que je raconte –25 le dimanche nous allions nous un dimanche où on ne sortait pas, comme un rite, je disais cela, un rite,une allait se promener, impossible d’y échapper.[…]30 Après, ils eurent treize et quatorze ans,Suzanne était petite, ils ne s’aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, çamettait leur père en colère, ce furent les dernières fois et plus rien n’était ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me fois encore,35 des pique-niques, c’est tout, on allait au bord de la rivière, oh là là là !bon, c’est l’été et on mange sur l’herbe, salade de thon avec du riz et de la mayonnaiseet des œufs durs– celui-là aime toujours autant les œufs durs –et ensuite, on dormait un peu, leur père et moi, sur la couverture, grosse couverture40 verte et rouge,et eux, ils allaient jouer à se ce n’est pas méchant ce que je dis,après ces deux-là sont devenus trop grands, je ne sais plus,45 est-ce qu’on peut savoir comment tout disparaît ?ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur côté faire de labicyclette, chacun pour soi,et nous seulement avec Suzanne,cela ne valait plus la ANTOINE — C’est notre — Ou la mienne. Introduction Juste la fin du monde est une pièce de théâtre contemporaine de Jean-Luc Lagarce, qu’il a terminée en 1990 et qu’il n’a pas pu mettre en scène de son vivant. Elle le sera 4 ans après sa mort, en 1999. Elle aborde le thème du retour et celui de la famille et met en scène un conflit familial où la parole joue un rôle central. Dans cet extrait, qui se situe dans la première partie du roman, toute la famille est réunie et la mère raconte les dimanches du temps où les enfants étaient petits et où régnait le bonheur familial avant le délitement. lecture de l’extrait à voix haute Abonnez-vous pour y accéder Découvrez la suite de ce contenu immédiatement en vous abonnant. Contact