La culture rend-elle l`homme plus humain 1 SĂ©ance 1 LA CULTURE La culture rend-elle l'homme plus humain ? RepĂšres universel/gĂ©nĂ©ral/particulier/singulier, en puissance/en acte. Introduction gĂ©nĂ©rale 1 Le sens des termes a. Culture - Pour quelle raison parle-t-on de culture quand l'homme travaille la terre pour obtenir des fruits et des lĂ©gumes ? Quelle modification de la nature est apportĂ©e par la culture ? Le mot "culture" vient du latin "colere" qui signifie cultiver, soigner, entretenir, prĂ©server, travailler, mettre en valeur un champ, une terre ex cultiver du blĂ©. L'agriculture dĂ©signe ainsi le processus par lequel la terre, une fois travaillĂ©e par l'homme, produit un fruit que la terre ne pouvait fĂ©conder par elle-mĂȘme. Le travail des champs, comme la culture de lâesprit, suppose patience et soin. - On parle aussi bien de culture physique, artistique ou scientifique. Quel est le sens commun du mot culture dans ces expressions ? Qu'apporte la culture Ă celui qui la reçoit ? La culture dĂ©signe ici l'entretien d'une activitĂ© cultiver la natation, l'ensemble des processus par lesquels l'homme met en valeur ses propres facultĂ©s linguistiques, intellectuelles, spirituelles, morales artistiques, comme il met en valeur la nature en cultivant la terre pour en rĂ©colter les produits. Se cultiver revient Ă se valoriser, s'amĂ©liorer, par l'instruction, l'Ă©ducation, la transmission des arts et des savoirs. - Que signifie l'expression avoir de la culture gĂ©nĂ©rale » ? suffit-il d'accumuler des savoirs pour ĂȘtre cultivĂ© ? Culture comme ensemble des connaissances acquises qui permettent de dĂ©velopper le sens critique, le goĂ»t, le jugement. Une personne "cultivĂ©e" est celle qui possĂšde des connaissances Ă©tendues dans ces domaines. Ătre cultivĂ©, ce n'est pas seulement ĂȘtre instruit, avoir beaucoup de connaissances, accumuler des savoirs, c'est ĂȘtre capable d'assimiler ces connaissances en vue d'un perfectionnement. Il ne faut pas seulement avoir une tĂȘte bien pleine, encore faut-il qu'elle soit bien faite. - Culture, au sens large, signifie aussi civilisation. Quels sont les deux sens du mot civilisation dans ces deux affirmations La civilisation mĂ©diterranĂ©enne se caractĂ©rise par sa cuisine », La civilisation s'oppose Ă l'Ă©tat sauvage » ? Au sens ethnologique ou anthropologique, la culture dĂ©signe l'ensemble des techniques et des savoirs, des coutumes et des institutions, des croyances comme la religion et des reprĂ©sentations comme l'art forgĂ©es par une communautĂ©. On parle ainsi de la culture europĂ©enne, de la culture japonaise. Le terme de culture s'utilise alors 2 au pluriel les cultures » pour dĂ©signer les maniĂšres dâĂȘtre, les pensĂ©es, les habitudes de tout ordre qui distinguent un peuple ou un groupe dâun autre. La notion de civilisation a Ă©galement un sens moral Ă©tat d'avancement des mĆurs, des connaissances; la civilisation s'oppose alors Ă l'Ă©tat sauvage Ă©tat primitif, naturel, animal, de la forĂȘt » et Ă la barbarie celui qui n'est pas civilisĂ©. - Quelles sont, au total, les 3 principales acceptions du mot culture » ? Qu'ont-elles en commun ? Culture comme connaissances acquises par l'Ă©ducation et l'instruction; culture comme ensemble des activitĂ©s et des rĂ©sultats des activitĂ©s qui tĂ©moignent dâune capacitĂ© Ă sâĂ©carter de la nature et Ă la transformer, fĂ»t-ce de façon rudimentaire comme câest le cas pour certaines espĂšces animales primates, insectes, etc.; culture comme civilisation, diffĂ©rentes maniĂšres dont les hommes se sont appropriĂ©s un territoire. L'idĂ©e de transformation est commune Ă ces trois acceptions, transformation de soi, de sa nature, transformation de la nature, de l'environnement, de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure. b. Rendre qu'indique ce verbe sur la culture ? Ce verbe donne l'idĂ©e d'une transformation. La culture et l'Ă©ducation permettraient Ă l'homme de se construire, de devenir humain, voire plus humain. c. Plus humain que dĂ©signe cette expression ? peut-on ĂȘtre un homme sans ĂȘtre humain, en Ă©tant inhumain ? Lâexpression plus humain » ne dĂ©signe pas un surhomme », mais renvoie Ă une forme d'humanisme. Plus humain devenir meilleur, plus civilisĂ©, plus conforme Ă lâidĂ©e dâhomme ; idĂ©e dâun perfectionnement moral, capacitĂ© Ă ĂȘtre bienveillant Ă l'Ă©gard de ses semblables, compatissant, altruiste, solidaire. On naĂźt homme ou femme, on devient humain, processus qu'on appelle l'humanisation c'est le devenir humain de l'homme, prolongement culturel de l'hominisation processus biologique par lequel homo sapiens se distingue progressivement des espĂšces dont il descend. Un enfant sauvage est biologiquement un homme, mais il n'est pas encore humain; un embryon est un ĂȘtre humain en puissance. Est inhumain, au sens moral du terme, celui qui manque d'humanitĂ©, c'est-Ă -dire qui fait preuve de mĂ©chancetĂ©, de cruautĂ©, d'insensibilitĂ©, de sadisme. d. Distinguez la culture » universelle des cultures » gĂ©nĂ©rales ou particuliĂšres. PrĂ©cisez ce qui diffĂ©rencie l'universel du gĂ©nĂ©ral et du particulier repĂšres. Les cultures habitudes d'une population, d'un peuple transmises par l'Ă©ducation sont particuliĂšres ou gĂ©nĂ©rales, la culture est universelle il n'existe pas de sociĂ©tĂ©s sans langue, mĆurs, croyances, interdits, techniques, lois, techniques, arts, etc.. La culture au singulier renvoie Ă l'idĂ©e d'une unification du genre humain qui pousse l'homme Ă s'arracher Ă tout ce qui, en lui, relĂšve de sa particularitĂ© naturelle, Ă se civiliser. Les cultures au pluriel marquent l'appartenance de l'homme Ă une culture particuliĂšre qui contribue Ă façonner son identitĂ©, au risque de l'enfermer dans celle-ci. ProblĂšme que soulĂšve cette distinction du singulier et du pluriel la culture est-elle, pour l'homme, un facteur d'unitĂ© et d'unification, ou n'est-elle pas plutĂŽt un facteur de division et de dispersion ? La diversitĂ© culturelle est-elle une richesse et une chance pour l'humanitĂ©, ou faut-il y voir un obstacle ? 3 ï· L'universel est universel ce qui est valable pour tous les Ă©lĂ©ments d'une totalitĂ© donnĂ©e, partout et toujours, ce qui donc tend Ă l'unitĂ©. Par exemple, est universel le jugement Tous les hommes sont mortels » ce jugement est valable dans tous les cas sans exception. ï· Le gĂ©nĂ©ral le gĂ©nĂ©ral, qui provient du terme genre », s'applique Ă un vaste groupe on parle d'une rĂšgle gĂ©nĂ©rale; se distingue de l'universel dans la mesure oĂč il souffre quelques exceptions. Les rĂšgles de grammaire, par exemple, ne sont pas universelle quoique gĂ©nĂ©rales, elles ne sont pas valables pour tous les cas d'une langue donnĂ©e il y a des exceptions, mais ont un degrĂ© de gĂ©nĂ©ralitĂ©. On parle de l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral » celui, par exemple, d'un pays ou d'une corporation. ï· Le particulier est particulier ce qui est valable pour une partie seulement d'une totalitĂ©, ce qui appartient en propre Ă un individu, ce qui est unique. Par exemple, est particuliĂšre la proposition Quelques Grecs sont des philosophes ». Journal d'achat et de vente de logements de particulier Ă particulier ». ï· Le singulier est singulier ce qui est valable pour un individu ou une totalitĂ© individuĂ©e Socrate est philosophe », L'armĂ©e soviĂ©tique a remportĂ© la bataille de Stalingrad ». Est singulier donc, ce qui fait qu'un ĂȘtre est unique, original, se distingue vraiment des autres. 2 La problĂ©matique et les arguments - Est-il Ă©vident que la culture rend l'homme plus humain ? D'une part, si l'on entend par plus humain le processus d'humanisation par lequel l'homme se distingue des autres espĂšces et se rĂ©alise, il est clair que l'homme se construit dans et par la sociĂ©tĂ©, l'Ă©ducation, le rapport aux autres, l'histoire. Par la culture, l'homme apprend Ă domestiquer son animalitĂ©, ses pulsions, sa violence naturelle, son agressivitĂ©, son Ă©goĂŻsme. Il construit un monde qui lui est propre, un monde artificiel peuplĂ© de symboles, dâobjets techniques, dâĆuvres de toute sorte. - En quoi la culture pourrait-elle le rendre moins humain, voire inhumain ? Donnez des exemples. Culture entendue comme ce qui marque l'appartenance de l'homme Ă une culture particuliĂšre. La culture rend l'homme inhumain lorsqu'elle l'enferme dans son identitĂ©, lorsqu'elle est un facteur de conflits entre les hommes, lorsque les oppose et les divise guerres, gĂ©nocides, colonialisme.... Si lâon entend par culture le savoir quâa capitalisĂ© une personne cultivĂ©e et qui la distingue des hommes incultes » les barbares, les sauvages ou manquant de culture, force est de constater quâon peut ĂȘtre cultivĂ© et se comporter de façon inhumaine exemple des officiers nazis pendant la second guerre mondiale ; Ă lâinverse, on peut ne pas ĂȘtre cultivĂ© et ne pas ĂȘtre allĂ© Ă lâĂ©cole, par exemple, tout en Ă©tant quelquâun de bien moralement, sans compter que la dĂ©finition de ce quâest la culture authentique relĂšve dâun certain arbitraire. - Il y a donc au moins deux rĂ©ponses possibles qui semblent s'affronter. Comment, selon vous, est-il possible de dĂ©passer cette opposition ? La culture doit permettre de surmonter la fragmentation de l'humanitĂ© et avoir pour but la moralisation de l'homme. Culture comme soin Ă l'Ă©gard de sa propre nature, de sa propre culture, de la culture des autres. Il s'agit donc de se demander Ă quelles conditions la culture permet une moralisation, un progrĂšs, une unification ou rĂ©unification de l'humanitĂ©. Câest cette question que nous allons examiner tout au long de ce chapitre. 4 I LA CULTURE HUMANISE L'HOMME La culture dĂ©signe la formation par laquelle l'homme parvient Ă rĂ©aliser certaines dispositions qu'il contient en germe, en s'arrachant Ă la nature et Ă tout ce qui pourrait l'enfermer dans une identitĂ© donnĂ©e. En ce sens, la culture est le fondement de l'unitĂ© du genre humain. A LA NUDITĂ HUMAINE texte de Platon, in Protagoras, 320c-312c L'homme est un animal inachevĂ©, indĂ©terminĂ©, qui doit s'Ă©duquer lui-mĂȘme. Ce qu'il y a d'humain en l'homme n'apparaĂźt pas originellement l'homme est le seul ĂȘtre dans la nature qui a Ă devenir ce qu'il est, en sorte que l'humanitĂ©, pour l'homme, est un idĂ©al, un horizon Ă atteindre. L'animal est, au contraire, un ĂȘtre de pure nature; guidĂ© par l'instinct, il est d'emblĂ©e tout ce qu'il peut ĂȘtre. L'animal est achevĂ© car la nature prend soin de lui Ă la naissance il est Ă©quipĂ©, peut se dĂ©fendre Ă l'aide de ses crocs, de ses griffes, etc. L'homme a Ă©tĂ© partiellement abandonnĂ© par la nature, comme l'enseigne Platon dans le mythe du Protagoras 320 c-321 c. Correction du travail Ă faire Ă la maison sur le texte de Platon ĂpimĂ©thĂ©e est chargĂ© de la rĂ©partition des capacitĂ©s entre les diverses espĂšces; il veille Ă Ă©quilibrer les dons, de sorte qu'aucune espĂšce ne soit menacĂ©e d'extinction les oiseaux ont des ailes pour fuir dans les airs, les rongeurs savent creuser des galeries oĂč trouver refuge; aux uns il donne la force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force. Quand il eut dĂ©pensĂ© pour les animaux toutes les facultĂ©s dont il disposait, ĂpimĂ©thĂ©e constata qu'il avait oubliĂ© l'espĂšce humaine. PromĂ©thĂ©e offrit alors aux hommes la maĂźtrise du feu et des techniques qui vont leur permettre de travailler et ainsi de compenser leurs faiblesses. Mais les hommes ne connaissent pas l'art de vivre ensemble, de s'organiser, de se respecter mutuellement. Zeus, craignant alors la disparition du genre humain, fit don aux hommes de deux vertus permettant justement de vivre ensemble, de pratiquer l'art politique la pudeur et la justice. La citĂ© dĂ©finit le territoire humain entre celui des dieux et celui de la sauvagerie animale. Contrairement Ă l'animal vouĂ© Ă l'Ă©tat de nature dans toute sa violence, l'homme dotĂ© de la raison et du langage peut renoncer Ă l'Ă©tat de guerre, entrer dans l'Ă©tat politique et y construire le souverain qui agit au nom du peuple. L'homme est donc originellement nu, imparfait, inachevĂ©; il lui appartient de s'achever luimĂȘme, de faire advenir son humanitĂ©, et le moyen de cet achĂšvement est justement la culture. La pauvretĂ© de son hĂ©rĂ©ditĂ© naturelle est l'envers d'une fabuleuse capacitĂ© Ă inventer; l'inachĂšvement de sa nature lui offre une plasticitĂ© illimitĂ©e qui l'Ă©lĂšve au-dessus de l'animal. Cette capacitĂ© quasi infinie d'acquĂ©rir progressivement de nouvelles qualitĂ©s et perfections, de dĂ©passer le mĂ©canisme et les bornes de l'instinct, Rousseau l'appelle, dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inĂ©galitĂ© parmi les hommes, la perfectibilitĂ©, qui s'oppose Ă la fixitĂ© de l'animal lâanimal ne peut pas dĂ©passer ce que la nature a fait de lui. Nous reverrons cette notion de fixitĂ© Ă propos du langage lorsque nous distinguerons, avec Bergson, le signe linguistique humain et le signe animal adhĂ©rent ». 5 B L'ĂDUCATION RepĂšre en puissance/en acte » D'oĂč l'importance de l'Ă©ducation qui conduit l'homme vers son humanitĂ©. A l'Ă©tat sauvage, l'homme n'est qu'un animal ou un monstre, comme en tĂ©moigne l'Ă©tude par le docteur Itard de l'enfant sauvage, Victor de l'Aveyron, qui se comporte comme un animal. Il est biologiquement homme mais pas encore humain mĂȘme l'usage de ses sens n'est pas encore humain, car notre sensibilitĂ© elle-mĂȘme est une crĂ©ation culturelle, elle a besoin d'ĂȘtre Ă©veillĂ©e, de passer de la puissance Ă l'acte. Cf. film de François Truffaut. Dans cette optique, Aristote distingue ce qui est en puissance», pas encore rĂ©alisĂ© mais dĂ©jĂ lĂ , de ce qui est en acte », c'est-Ă -dire rĂ©alisĂ©, effectif. Correction du travail Ă faire Ă la maison sur la distinction en puissance / en acte ». La puissance dynamis reprĂ©sente tout ce qui est Ă l'Ă©tat de possibilitĂ© â le virtuel, le potentiel, des promesses d'existence non encore rĂ©alisĂ©es; l'acte Ă©nergĂ©ia dĂ©signe les rĂ©alitĂ©s achevĂ©es, dĂ©finies. Un chĂȘne, par exemple, est dĂ©jĂ tout entier en puissance dans un gland, mais seul l'arbre pleinement dĂ©veloppĂ© mĂ©rite ce nom. De la puissance Ă l'acte, il y a Ă©lĂ©vation, accĂšs Ă un niveau supĂ©rieur de l'Ătre, rĂ©alisation de la finalitĂ© interne de la nature. L'acte est entĂ©lĂ©chie», c'est-Ă -dire parachĂšvement. Il y a donc plus de perfection dans la rĂ©alisation de quelque chose ou de quelqu'un, que dans sa simple possibilitĂ©. L'acte est un triomphe, un accomplissement. En sorte que l'humanitĂ© de l'homme est le produit de la culture. Ce qui dĂ©finit la nature humaine, c'est son Ă©ducabilitĂ©, sa capacitĂ© d'ĂȘtre formĂ©. On peut dresser un animal pour lui apprendre Ă imiter son maĂźtre, mais l'Ă©ducation n'est pas de l'ordre du dressage, car elle a pour but de conduire l'homme Ă la fin que vise la nature â la libertĂ© -, mais qu'il ne peut atteindre sans la culture et l'Ă©ducation du fait de son inachĂšvement naturel. Dans ses RĂ©flexions sur l'Ă©ducation, Kant observe que le petit homme, du fait qu'il n'a pas d'instinct, n'a pas de guide naturel qui lui permettrait de se conduire lui-mĂȘme Par son instinct, un animal est dĂ©jĂ tout ce qu'il peut ĂȘtre; une raison Ă©trangĂšre a pris soin de tout pour lui. Mais l'homme doit user de sa propre raison. Il n'a point d'instinct et doit se fixer lui-mĂȘme le plan de sa conduite. Or puisqu'il n'est pas immĂ©diatement capable de le faire, mais au contraire vient au monde pour ainsi dire Ă l'Ă©tat brut, il faut que d'autres le fassent pour lui. » Rappelons que le latin educare signifie conduire vers ». Contrairement Ă l'animal, un enfant laissĂ© seul mangerait n'importe quoi, mĂȘme ce qui pourrait lui nuire. L'homme est ainsi le seul animal qui a besoin d'un maĂźtre pour l'Ă©duquer. Pourquoi fautil Ă©duquer l'homme ? Afin de le dĂ©pouiller de sa sauvagerie », affirme Kant ! L'enfant doit apprendre Ă discipliner ce qu'il peut y avoir de dĂ©sordonnĂ© chez lui. Le but de lâĂ©ducation est donc de conduire lâhomme Ă sa propre humanitĂ© et autonomie. L'Ă©ducation vise le perfectionnement du genre humain, lequel se rĂ©alise sur plusieurs gĂ©nĂ©rations. LâĂ©ducation comporte deux aspects 6 ï· La discipline partie nĂ©gative de lâĂ©ducation doit habituer lâenfant Ă supporter la contrainte des lois afin d'apprendre Ă se maĂźtriser; lâĂ©ducation doit commencer par un travail sur soi oĂč il s'agit d'apprendre Ă maĂźtriser ses instincts et dĂ©sirs. Civiliser veut dire polir » notre nature on civilise les penchants en apprenant Ă les dominer. Ătre poli, câest justement avoir Ă©tĂ© poli par lâĂ©ducation. ï· Lâinstruction partie positive consiste Ă former et Ă enrichir lâesprit par la transmission du savoir et par lâĂ©tude. Le dĂ©faut de discipline est plus grave que le dĂ©faut d'instruction, car il est difficile de corriger un manque de discipline, alors que le manque d'instruction peut se combler par la suite. Pour exercer pleinement sa libertĂ©, il faut ĂȘtre Ă la fois disciplinĂ© et instruit. L'homme instruit doit ainsi ĂȘtre diffĂ©renciĂ© de l'homme cultivĂ©. L'homme instruit est certes capable de mĂ©moriser un savoir, mais cette mĂ©morisation ne s'est pas accompagnĂ©e d'une rĂ©elle appropriation du savoir, ce savoir lui reste extĂ©rieur. En revanche, l'homme cultivĂ© est celui qui a Ă©tĂ© poli, raffinĂ© par la frĂ©quentation d'une culture intellectuelle, dotĂ© d'un savoir large et approfondi; c'est un homme sage, mĂ»ri par une certaine expĂ©rience de la vie. L'homme cultivĂ© est plus que l'homme seulement instruit puisqu'il a portĂ© la nature humaine Ă sa perfection en lui-mĂȘme. Kant souligne que c'est dans le problĂšme de l'Ă©ducation que gĂźt le secret de la perfection de la nature humaine ». La civilisation entendue comme progrĂšs doit aboutir Ă une pacification des relations humaines, en substituant la raison Ă la violence. GrĂące Ă la culture, l'homme doit rĂ©aliser toutes les virtualitĂ©s de sa nature, en dominant la nature extĂ©rieure grĂące Ă la technique et sa propre nature grĂące Ă l'Ă©ducation. C LA CULTURE, UNE SECONDE NATURE texte n°1 de Merleau-Ponty La rĂ©alisation de l'unitĂ© du genre humain est-elle nĂ©anmoins possible ? Peut-on vĂ©ritablement, par la culture, rendre l'homme plus humain, plus universel, en l'arrachant Ă tout enfermement dans une tradition, une culture particuliĂšre, une identitĂ© donnĂ©e culture comme appartenance d'origine Ă une identitĂ© culturelle ? Or cet idĂ©al universaliste se heurte Ă un obstacle culturel majeur, celui de la pluralitĂ© des langues, qui rend l'unitĂ© du genre humain, la communication des hommes pour le moins problĂ©matique, chaque peuple reconnaissant dans sa langue un Ă©lĂ©ment fondamental de son identitĂ©. D'oĂč le projet d'instituer une langue universelle exemple de l'espĂ©ranto faire parler Ă tous les hommes la mĂȘme langue, c'est faire fraterniser des peuples prisonniers de leurs diffĂ©rences culturelles et conjurer ainsi les conflits par une rĂ©forme du langage. Merleau-Ponty montre, dans sa PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, qu'un tel projet est vouĂ© Ă l'Ă©chec parce qu'absurde il n'existe pas une pensĂ©e universelle, un monde intĂ©rieur commun Ă tous les hommes un Français ne pense pas la mĂȘme chose qu'un Allemand ! Le langage invente la rĂ©alitĂ©; notre maniĂšre de percevoir, de ressentir, loin d'ĂȘtre universelle en tout homme, est façonnĂ©e par notre culture appartenance. C'est ce que montre Merleau-Ponty dans le texte suivant Ă propos de la colĂšre et du sentiment amoureux qui sont des institutions, quelque chose de construit et de culturel. 7 De lĂ l'idĂ©e que la nature humaine est introuvable et que l'homme n'est que dĂ©guisement. C'est ce souligne Pascal Il n'y a rien qu'on ne puisse rendre naturel; il n'y a pas de naturel qu'on puisse faire perdre » PensĂ©es, fragment 94. Cette nature humaine a Ă©tĂ© perdue depuis le pĂ©chĂ© originel, perte qui est symbolisĂ©e, dans la Bible, par le fait qu'Adam et Ăve dĂ©couvrent leur nuditĂ© et Ă©prouvent le besoin de masquer celle-ci en se couvrant de peaux de bĂȘtes ». La culture vient masquer l'incomplĂ©tude naturelle de l'homme. En sorte que ce que nous croyons naturel » dans l'homme n'est en rĂ©alitĂ©, la plupart du temps, qu'une institution qui relĂšve de la culture, de ce que Pascal appelle la coutume ». La coutume, qui supplĂ©e Ă la dĂ©ficience de naturel en l'homme, tend Ă se faire passer pour une seconde nature. C'est la coutume qui est toujours premiĂšre et qui fait les mĂ©tiers, les titres, les hiĂ©rarchies, etc. La nature, loin d'ĂȘtre une donnĂ©e brute et originaire, est dĂ©jĂ une premiĂšre coutume. Pascal donne l'exemple du sentiment d'amour des enfants envers leurs parents Les pĂšres craignent que l'amour naturel des enfants ne s'efface. Quelle est donc cette nature sujette Ă ĂȘtre effacĂ©e ? La coutume est une seconde nature, qui dĂ©truit la premiĂšre. Pourquoi la coutume n'est-elle pas naturelle ? J'ai bien peur que cette nature ne soit elle-mĂȘme qu'une premiĂšre coutume, comme la coutume est une seconde nature» Pascal, ibid., fragment 93. TRANSITION La culture nous rend-elle plus humain ? Les facultĂ©s virtuelles que l'homme a reçues de la nature en puissance ne peuvent s'actualiser que par la vie en sociĂ©tĂ©. L'homme est un animal perfectible. On naĂźt certes homme au sens biologique du terme, mais on devient humain, et parfois inhumain comme on va le voir, par l'Ă©ducation. En ce sens, on peut dire que, chez l'homme, la culture est une seconde nature. Mais si la culture transforme l'homme, jusqu'oĂč cette transformation nous mĂšne-t-elle ? Nây a-t-il pas une forme de culture et mĂȘme d'Ă©ducation qui rende l'homme inhumain ? II LA CULTURE DIVISE ET DĂNATURE L'HOMME La culture ne rend pas forcĂ©ment l'homme plus humain. Les progrĂšs de la civilisation ne conduisent pas Ă une sociĂ©tĂ© nĂ©cessairement meilleure, mais peuvent conduire Ă l'accroissement des inĂ©galitĂ©s, des injustices, de la violence, Ă l'inauthenticitĂ©, au triomphe de l'artificiel et Ă des formes rĂ©gressives de barbarie jamais tout Ă fait contenues. La culture est aussi ce qui sĂ©pare, dĂ©nature, divise les hommes entre eux. A L'AMBIVALENCE DE LA CULTURE Dans le Discours sur l'origine de l'inĂ©galitĂ©, Rousseau prend l'image de la statue du dieu Glaucus, plongĂ©e dans l'eau, qui, avec le temps, est recouverte de coquillages, ce qui la rend mĂ©connaissable. Cette mĂ©taphore dĂ©signe l'homme civilisĂ©, cultivĂ©, l'homme artificiel, contrenature, devenu inauthentique. La culture se prĂ©sente comme un instrument de division, alors que la nature, synonyme de simplicitĂ© originelle, est un principe d'unitĂ©. Il sâagit de la culture au sens de lâensemble des activitĂ©s par lesquelles lâhomme sâĂ©loigne, sâĂ©carte de la nature, ce qui 8 inclut lâhistoire, la sociĂ©tĂ©, le travail, la technique, la politique, le langage, etc. Culture comme artifice, processus de dĂ©naturation. Cette division s'effectue d'abord Ă l'intĂ©rieur mĂȘme de l'homme sous l'effet de la culture, une scission s'opĂšre en l'homme entre l'ĂȘtre et le paraĂźtre; la vie sociale implique une perte de spontanĂ©itĂ©, une perte de la franchise et de la simplicitĂ© de l'homme naturel qui coĂŻncidait avec lui-mĂȘme. Ainsi l'homme social est-il devenu hypocrite, il a appris Ă ĂȘtre faux, inconsistant, Ă paraĂźtre, Ă se comparer aux autres. Homme calculateur, dĂ©pravĂ© L'homme qui mĂ©dite est un animal dĂ©pravĂ© », Rousseau, Discours sur l'origine de l'inĂ©galitĂ©. Rousseau, dans la Lettre Ă d'Alembert sur les spectacles, critique le théùtre la vie en sociĂ©tĂ© peut ĂȘtre comparĂ©e Ă une immense scĂšne, oĂč chacun est acteur d'un rĂŽle contrefait; chacun joue un personnage avec lequel il ne se confond pas. L'homme social se juge Ă partir du regard des autres, comparaison qui fait naĂźtre la jalousie, la rivalitĂ©, l'envie. Notre culture dĂ©guise nos mensonges, notre hypocrisie. Ici, la culture renvoie aux activitĂ©s et productions spirituelles ou intellectuelles considĂ©rĂ©es par une sociĂ©tĂ© comme lĂ©gitimes et qui tĂ©moignent de la part de celui qui sây adonne lâhomme cultive » la maitrise de connaissances Ă©tendues en littĂ©rature, musique, sciences, histoire, etc., un certain raffinement. Kant, dans la septiĂšme proposition d'IdĂ©e dâune histoire universelle au point de vue cosmopolitique, dĂ©nonce cette apparence de morale que sont les conventions, les rĂšgles de politesse qui nous accablent et qui ne constituent qu'une apparence de biensĂ©ance, que le vernis, la surface d'une rĂ©alitĂ© qui n'a rien de morale Nous sommes civilisĂ©s, jusqu'Ă en ĂȘtre accablĂ©s, par la politesse et les biensĂ©ances sociales de toute sorte. Mais nous sommes encore loin de pouvoir nous tenir pour dĂ©jĂ moralisĂ©s. Si en effet l'idĂ©e de la moralitĂ© appartient bien Ă la culture, la mise en pratique de cette idĂ©e qui n'aboutit qu'Ă une apparence de moralitĂ© dans l'amour de l'honneur et la biensĂ©ance extĂ©rieure, constitue simplement la civilisation. ». Exemple du pĂ©dantisme l'homme civilisĂ© est un pĂ©dant impĂ©nitent ! Au total, la culture divise l'homme Ă l'intĂ©rieur de lui-mĂȘme; elle divise et sĂ©pare l'humanitĂ© en rompant l'unitĂ© primitive de l'homme d'avec la nature et des hommes entre eux. B HUMANISME ET ETHNOCENTRISME textes 2 de LĂ©vi-Strauss Dans Race et Histoire, Claude LĂ©vi-Strauss montre que la culture peut rendre l'homme inhumain Ă partir du moment oĂč une culture tend Ă se juger supĂ©rieure aux autres et qu'elle prĂ©tend imposer aux autres son hĂ©gĂ©monie et ses propres valeurs. Cette conception expansionniste, dominatrice de la culture participe d'une volontĂ© d'uniformisation, d'homogĂ©nĂ©isation qui entend abolir toute diffĂ©rence culturelle. Ce n'est pas tant la pluralitĂ© des cultures qui est un obstacle Ă l'unitĂ© du genre humain que la volontĂ© de rĂ©duire cette diversitĂ© par l'imposition d'un modĂšle dont la valeur ne peut ĂȘtre reconnue que dans une culture donnĂ©e. C'est l'affirmation de la supĂ©rioritĂ© d'une culture sur une autre qui gĂ©nĂšre le conflit. Culture ici au sens de civilisation. 9 Le concept de supĂ©rioritĂ© culturelle dĂ©coule d'un prĂ©jugĂ© fondamental, qui est l'ethnocentrisme c'est la tendance Ă ne voir de modĂšle de l'humain que dans sa propre culture. Lâethnocentrisme consiste donc Ă Ă©riger les valeurs propres Ă la sociĂ©tĂ© Ă laquelle jâappartiens en valeur universelle. Lâethnocentriste croit que ses valeurs sont les valeurs et considĂšre sa propre civilisation comme supĂ©rieure comme supĂ©rieure, voire comme la seule Ă mĂ©riter le titre de civilisĂ©e ». Ainsi le racisme, le colonialisme. Ainsi chaque sociĂ©tĂ© a-t-elle toujours tendu Ă confondre âsaâ propre civilisation avec âlaâ civilisation, allant jusquâĂ rejeter en dehors de lâhumanitĂ© les hommes qui relevaient dâautres cultures. Les Grecs appelaient âbarbaresâ les hommes qui Ă©taient Ă©trangers Ă leurs institutions et par la suite les Occidentaux nâont vu longtemps que âsauvagerieâ dans les cultures exotiques on prĂ©fĂšre rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas Ă la norme sous laquelle on vit» LĂ©vi-Strauss. L'Occident a inventĂ© le sauvage. L'Europe et l'AmĂ©rique l'ont exhibĂ©, l'ont montrĂ©, dans des zoos, des expositions ou des scĂšnes de music-hall pour convaincre les populations blanches de leur Ă©vidente et dĂ©finitive supĂ©rioritĂ© sur le monde. Cf. documentaire Les zoos humains» LĂ©vi-Strauss accuse l'humanisme occidental d'avoir isolĂ© l'homme de tout ce qui n'Ă©tait pas sa culture, en le coupant ainsi aussi bien des autres cultures que de la nature cf. textes 2 de LĂ©viStrauss. Cette valorisation, par l'humanisme occidental, de la culture et de l'affirmation de l'homme Ă travers son arrachement Ă la nature serait Ă la source de la destruction moderne de la nature par la technique, mais aussi de l'anĂ©antissement des autres cultures, notamment sous la forme de la colonisation J'ai le sentiment, Ă©crit LĂ©vi-Strauss dans un entretien publiĂ© par le journal Le Monde le 21 janvier 1979, que toutes les tragĂ©dies que nous avons vĂ©cues, d'abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin avec les camps d'extermination, cela s'inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prĂ©tendu humanisme sous la forme oĂč nous le pratiquons depuis plusieurs siĂšcles, mais presque dans son prolongement naturel...». Câest dans la mesure mĂȘme oĂč lâon prĂ©tend Ă©tablir une discrimination entre les cultures et les coutumes que lâon sâidentifie le plus complĂštement avec celles quâon essaye de nier. En refusant lâhumanitĂ© Ă ceux qui apparaissent comme les plus sauvages » ou barbares » de ses reprĂ©sentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, câest dâabord celui qui croit en la barbarie » LĂ©vi-Strauss, Race et histoire. C UN SI FRAGILE VERNIS D'HUMANITĂ texte n°3 de Freud, in Malaise dans la civilisation La culture, toute culture ne nous rend donc pas forcĂ©ment plus humain puisque, nous l'avons vu, elle peut ĂȘtre source de conflits, de division des hommes entre eux et ĂȘtre mise au service d'une volontĂ© de domination, de stigmatisation de l'autre, d'uniformisation. La civilisation gĂ©nĂšre donc des formes de barbarie. Au fond, l'homme n'est jamais quittĂ© par ses pulsions d'agressivitĂ©, d'animalitĂ©, de domination. La culture n'est lĂ que pour contenir, sublimer l'animalitĂ©. Elle est 10 impuissante Ă le civiliser complĂštement. C'est ce que montre Freud dans Malaise dans la civilisation texte n°3. On trouve une illustration cinĂ©matographique de cette thĂšse de Freud dans le film de Peter Brook 1963, Sa MajestĂ© des mouches Lord of the flies, inspirĂ© du roman de William Golding Ă©crit en 1954, qui montre la fragilitĂ© de la civilisation. Il dĂ©crit le parcours rĂ©gressif d'enfants livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes. Un avion transportant exclusivement des garçons anglais issus de la haute sociĂ©tĂ© s'Ă©crase durant le vol sur une Ăźle dĂ©serte. Le pilote et les adultes accompagnateurs pĂ©rissent. LivrĂ©s Ă eux-mĂȘmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les nombreux enfants survivants tentent de s'organiser en reproduisant les schĂ©mas sociaux qui leur ont Ă©tĂ© inculquĂ©s. Mais bien vite le vernis craque, la fragile sociĂ©tĂ© vole en Ă©clats et laisse peu Ă peu la place Ă une organisation tribale, sauvage et violente bĂątie autour d'un chef charismatique et d'une religion rudimentaire. Offrandes sacrificielles, chasse Ă l'homme, guerres sanglantes la civilisation disparaĂźt au profit d'un retour Ă un Ă©tat proche de l'animal que les enfants les plus fragiles ou les plus raisonnables paient de leur existence. La barbarie va mĂȘme souvent de pair avec la culture la plus raffinĂ©e. On peut aimer la musique la plus raffinĂ©e et la plus complexe, pleurer en lâĂ©coutant, et, dans le mĂȘme temps, ĂȘtre capable de la fĂ©rocitĂ©. Lâart nâest pas le contraire de la barbarie et la raison nâexclut pas la violence. Exemple de la musique utilisĂ©e dans les camps de concentration. Câest ce que montre Pascal Quignard dans son livre La haine de la musique La musique est le seul, de tous les arts, qui ait collaborĂ© Ă lâextermination des Juifs organisĂ©e par les Allemands de 1933 Ă 1945 ⊠Il faut souligner, au dĂ©triment de cet art, quâelle est le seul art qui ait pu sâarranger de lâorganisation des camps, de la faim, du dĂ©nuement, du travail, de la douleur, de lâhumiliation, et de la mort. » Mais pourquoi la musique, qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la pointe la plus fine de la culture humaine, a-t-elle pu ĂȘtre mĂȘlĂ©e Ă lâexĂ©cution de millions dâĂȘtres humains ? Pascal Quignard souligne que la musique viole le corps humain. Elle met debout », en sorte que la musique, Ă©tant un pouvoir, sâassocie Ă tout pouvoir. Partout oĂč il y a un chef et des exĂ©cutants, il y a de la musique ». La musique, dans cette optique, annihile la pensĂ©e, endort la douleur. Elle pĂ©nĂštre Ă lâintĂ©rieur du corps, sâempare de lâĂąme, elle capte, captive dans le lieu oĂč elle rĂ©sonne, ce que Platon avait dĂ©jĂ soulignĂ© dans RĂ©publique III, 401 d. Les soldats allemands organisĂšrent la musique dans les camps de la mort pour augmenter lâobĂ©issance, par plaisir esthĂ©tique et jouissance sadique. La musique permet de marcher au pas et de rester en ordre serrĂ©. LĂ oĂč on veut avoir des esclaves, il faut le plus de musique possible », affirme LĂ©on TolstoĂŻ citĂ© par Maxime Gorki dans les Entretiens Ă IasnaĂŻa Poliana. On en conclut que lâhumanitĂ© est un vernis bien fragile. Dans certaines circonstances se manifeste chez les ĂȘtres humains une propension Ă ne pas agir en accord avec les sentiments de bienveillance et les principes Ă©thiques qui les animent dans la vie ordinaire. Les hommes sont perfectibles, disait Rousseau, ils ont le pouvoir de se transformer indĂ©finiment, pour le meilleur et pour le pire ! 11 TRANSITION La culture n'est donc pas un gage de moralitĂ©. La diversitĂ© culturelle peut ĂȘtre une source de conflits et constituer un obstacle Ă l'unitĂ© du genre humain. La perfectibilitĂ© n'est pas nĂ©cessairement synonyme de progrĂšs. L'humanitĂ© n'est donc jamais acquise. Elle doit ĂȘtre conquise, dĂ©fendue, protĂ©gĂ©e Ă tout moment car nous sommes tous des barbares potentiels. A quelles conditions, dĂšs lors, la culture est-elle susceptible de nous moraliser ? III LA CULTURE DOIT MORALISER L'HOMME La civilisation, alors mĂȘme qu'elle aggrave les conflits entre les hommes, est nĂ©anmoins l'unique moyen de les rĂ©unifier. Paradoxe de la culture qui ne divise que pour mieux rĂ©unir. Cultiver, c'est entretenir son humanitĂ©, tenter de la rendre meilleure, prendre soin colere de la nature, de sa propre culture, de la culture des autres. A LA CULTURE COMME RUSE DE LA NATURE L'INSOCIABLE SOCIABILITĂ Dans l'IdĂ©e d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Kant montre que le conflit n'est pas tant la cause de la division qu'il n'est le moyen, la mĂ©diation permettant de surmonter la fragmentation de l'humanitĂ©. La culture n'est pas Ă l'origine de la fragmentation. Cette diversification a sa source dans la nature elle-mĂȘme multiplicitĂ© de races distinctes, par exemple, elle est voulue par elle en quelque sorte. Cette volontĂ© de diversitĂ© correspond Ă un plan, Ă un dessein providentiel de la nature; elle est le moyen utilisĂ© par la nature pour rendre possible la dispersion du genre humain sur la terre car chaque race se trouve mieux adaptĂ©e Ă une certaine situation gĂ©ographique et climatique. Par nature, l'homme tend Ă s'unir Ă ses semblables en vertu d'un penchant Ă la sociabilitĂ©; il tend aussi Ă s'isoler, du fait de cette diversitĂ© qui le pousse Ă vouloir se sĂ©parer des autres et Ă cultiver ainsi sa diffĂ©rence. Cette opposition se traduit par le conflit qui oppose, en chacun de nous, les penchants Ă©goĂŻstes et la nature rationnelle. Kant appelle insociable sociabilitĂ© » cette tendance naturelle qui pousse les hommes, par une sorte de plan cachĂ© de la nature, Ă entrer en conflit les uns avec les autres. Cette tendance Ă la sĂ©paration et Ă la division est prĂ©cisĂ©ment ce qui va forcer l'homme Ă se cultiver. L'humanitĂ© n'est pas tant une nature donnĂ©e qu'un idĂ©al Ă atteindre, par-delĂ la division de l'humanitĂ© en espĂšces culturellement distinctes. La concurrence a donc des effets bĂ©nĂ©fiques. Kant prend l'exemple d'un enclos dans lequel se trouvent diffĂ©rents arbres, et le compare Ă un enclos oĂč il n'y aurait qu'un seul arbre lĂ oĂč il y en a plusieurs, ils se dĂ©veloppent harmonieusement et poussent beaux et droits, alors que l'arbre seul ne parvient pas Ă s'Ă©lever. L'insociable sociabilitĂ© pousse l'homme Ă entrer en conflit avec les autres, amis elle est aussi ce qui le force Ă se cultiver. Le dĂ©veloppement de l'homme par la culture lui est pathologiquement extorqué» l'homme ne le veut pas pour lui-mĂȘme, mais il lui est imposĂ© par la vie en sociĂ©tĂ©. D'oĂč l'Ă©loge que fait Kant des guerres, des conflits de civilisations. La guerre, observe Kant, impose Ă l'homme une 12 certaine discipline, elle oblige les Ătats Ă discipliner les citoyens. Par cette discipline, la guerre fait d'abord la guerre Ă la guerre, car la source des guerres se trouve dans le cĆur des hommes, dans la sauvagerie des impulsions, dans l'absence de discipline. La guerre est une situation invivable, qui oblige les hommes Ă trouver des remĂšdes, des moyens de s'entendre entre eux, pour entre un terme Ă ces conflits. La guerre nous force paradoxalement Ă faire la paix. De mĂȘme que le droit interne aux Etats arrache les individus Ă l'Ă©tat de nature, de mĂȘme le conflit des Etats entre eux, Ă l'Ă©chelle internationale, force les hommes Ă s'entendre pour mettre fin Ă l'Ă©tat de guerre. La guerre n'est donc pas tant un obstacle Ă l'unitĂ© du genre humain qu'elle n'est une condition qui prĂ©existe Ă son avĂšnement. La constitution d'un droit international se situe Ă l'horizon une sociĂ©tĂ© cosmopolitique, oĂč chaque homme serait reconnu comme citoyen du monde » sous la protection universelle des droits de l'homme qui constituent une culture vraiment universelle. Droit international qui suppose la crĂ©ation d'un Etat multinational ou dâune confĂ©dĂ©ration pacifique qui prĂ©figure la future SociĂ©tĂ© des Nations. C'est Ă cette condition que la culture peut vĂ©ritablement nous rendre plus humain elle doit contribuer Ă unir les hommes, Ă favoriser la paix, le droit entre les hommes et les peuples. B CULTURE ET ALTĂRITĂ La culture risque de rendre l'homme inhumain, nous lâavons vu, lorsqu'une culture particuliĂšre tend Ă se juger supĂ©rieure aux autres et Ă vouloir imposer un idĂ©al unique. Or la pluralitĂ© des cultures est constitutive de la richesse mĂȘme de l'humanitĂ© qui se dĂ©cline au pluriel. La civilisation implique la coexistence de cultures offrant le maximum de diversitĂ©. La civilisation mondiale n'est rien d'autre que la coalition, Ă l'Ă©chelle mondiale, de cultures prĂ©servant chacune leur originalitĂ©. Toutes les petites cultures peuvent collaborer au sein d'un plus grand ensemble que LĂ©vi-Strauss appelle civilisation. Selon LĂ©vi-Strauss, les diffĂ©rentes cultures se construisent Ă partir d'un fonds commun de possibilitĂ©s logiques Ă travers lesquelles les hommes pensent et agissent sur leur milieu de vie. Ce qui distingue les cultures ce sont seulement leurs façons d'utiliser ces ressources logiques communes. En Occident, on privilĂ©gie surtout l'action, l'innovation, le rendement; l'Inde, au contraire, privilĂ©gie les techniques spirituelles afin d'atteindre la paix intĂ©rieure. En sorte que la diversitĂ© culturelle peut se comparer Ă un jeu de cartes dans lequel les rĂšgles communes produisent, Ă partir de donnes diffĂ©rentes au dĂ©part, une infinitĂ© de parties diffĂ©rentes dans lesquelles les pertes et les gains vont finir par s'Ă©quilibrer. LĂ©vi-Strauss appelle, en outre, Ă une rĂ©conciliation de l'homme et de la nature, dans un humanisme gĂ©nĂ©ralisé», c'est-Ă -dire Ă©largi et remaniĂ©. Au lieu de prendre pour principe la culture conçue comme sĂ©paration de l'homme et de la nature, il faudrait rĂ©intĂ©grer l'homme dans la nature, prendre pour principe l'identification de l'homme Ă toutes les formes de vie qui impliquerait de refonder les droits de l'homme non pas, comme on le fait depuis l'IndĂ©pendance amĂ©ricaine et la rĂ©volution française, sur le caractĂšre unique et privilĂ©giĂ© d'une espĂšce vivante», mais en s'efforçant au contraire d'y voir un cas particulier de droits reconnus Ă toutes les espĂšces.» De prĂšs et de loin. Substituer donc aux valeurs des droits de l'homme celles des droits de la vie. 13 C LE DIALOGUE DES CULTURES Mais la thĂšse de LĂ©vi-Strauss qu'on peut qualifier de relativiste est problĂ©matique. On entend par relativisme en ethnologie lâobligation dâadopter la mĂȘme attitude vis-Ă -vis des diverses sociĂ©tĂ©s. IdĂ©e quâaucune sociĂ©tĂ© nâest supĂ©rieure Ă une autre. Le relativisme conduit ainsi Ă nier lâexistence de valeurs universelles comme, par exemple, les droits de lâhomme. Or le relativisme ne peut condamner les sociĂ©tĂ©s qui font de lâesprit e conquĂȘte ou de la volontĂ© de dominer les autres ĂȘtres humains une valeur centrale. Il devient alors impossible de sanctionner des pratiques comme l'excision ou l'interdiction de l'Ă©ducation Ă la gent fĂ©minine. De quel droit, en effet, vouloir faire de la tolĂ©rance une valeur absolue, si toutes les valeurs sont relatives et si toutes les cultures se valent ? Le maintien et la valorisation de la diversitĂ© culturelle peut conduire, qui plus est, Ă l'affirmation de l'incommunicabilitĂ© de toutes les cultures, ce qui rend Ă©videmment impossible le dialogue entre les cultures. Le risque est grand, avec le relativisme, de nier l'idĂ©e d'une humanitĂ© universelle et de rĂ©duire l'homme Ă son ĂȘtre culturel et social qui se voit interdit toute distanciation vis-Ă -vis de sa culture et de sa sociĂ©tĂ© au nom de la survie du groupe. Ainsi, au QuĂ©bec, les autoritĂ©s provinciales, souhaitant protĂ©ger la forme de sociĂ©tĂ© culturellement française, ont promulguĂ© des rĂ©glementations interdisant Ă la population francophone d'envoyer leurs enfants dans des Ă©coles anglaises. Toute ouverture de l'individu hors de l'hĂ©ritage culturel est alors perçue comme une aliĂ©nation, en sorte que le surinvestissement de l'identitĂ© ethnique conduit Ă l'enfermement dans l'anĂ©antissement de l'identitĂ© individuelle. Le droit Ă la diffĂ©rence risque ainsi de se transformer en droit Ă l'oppression des individus par le groupe. Les droits de lâhomme, loin de se rĂ©duire Ă un pur produit de la civilisation occidentale, fournissent le ciment qui permettrait l'unification des cultures au-dessus de la diversitĂ© culturelle, il y a des valeurs supĂ©rieures dont le respect doit s'imposer Ă toutes les cultures sans exception. La culture des droits de l'homme » a permis Ă l'Occident de se critiquer et de se rĂ©former dans ses propres pratiques. Rappelons que la culture occidentale europĂ©enne s'est elle-mĂȘme constituĂ©e historiquement par un dialogue permanent entre diffĂ©rentes cultures et hĂ©ritages, celui de Rome, d'AthĂšnes et de JĂ©rusalem. Toutes les cultures sont-elles capables d'un tel dialogue ? Toutes les cultures se valentelles ? Ont-elles toutes intĂ©grĂ© ces valeurs universelles ? La culture nous rend plus humain, en tout cas, si elle est capable de dialoguer avec les autres. Une culture n'est donc pas une entitĂ© statique, close sur elle-mĂȘme, clairement dĂ©finie, se refermant sur ses membres. Elle est le produit de processus historiques multiples d'interaction avec d'autres cultures. Il y a danger lorsqu'un individu se dĂ©finit uniquement par son appartenance culturelle et s'enferme dans une dĂ©finition, lorsque cette identitĂ© est rĂ©ifiĂ©e. 14 Nous ne pouvons jamais nous rĂ©duire Ă une seule appartenance. C'est ce que montre Amin Maalouf dans Les IdentitĂ©s meurtriĂšres originaire d'une famille du sud de l'Arabie et installĂ©e au Liban, cette famille s'enorgueillit d'avoir toujours Ă©tĂ© arabe et chrĂ©tienne; sa langue est l'arabe, mais il a Ă©tĂ© Ă©duquĂ© au lycĂ©e français, avec une grand-mĂšre turque et un grand-pĂšre maronite d'Egypte En extrapolant Ă peine, je dirai avec chaque ĂȘtre humain, j'ai quelques appartenances communes, mais aucune personne au monde ne partage toutes mes appartenances », Je fouille ma mĂ©moire pour dĂ©busquer le plus grand nombre d'Ă©lĂ©ments de mon identitĂ©, je les assemble, je les aligne, je n'en renie aucun ». Amin Maalouf partage quelque chose de commun avec une grande partie de l'humanitĂ©, mais en mĂȘme temps il peut se considĂ©rer comme unique. Cette agrĂ©gation d'appartenances multiples n'est pas vĂ©cue comme un conflit en lui-mĂȘme. Au contraire la blessure de la diffĂ©rence » surgit lorsqu'il se trouve obligĂ© de s'identifier Ă l'une de ces appartenances souvent celle qui est stigmatisĂ©e par le regard des autres au dĂ©triment des autres. Or son expĂ©rience nous enseigne qu'il est possible de faire cohabiter en soi et en dehors de soi diffĂ©rentes appartenances culturelles ou diffĂ©rentes cultures de maniĂšre pacifique. La culture est alors ce qui, en l'homme, lui, permet de s'arracher Ă une communautĂ©, Ă une identitĂ© donnĂ©e pour parler, penser, agir. Ainsi, dans les grandes Ćuvres de la culture, il y a un effort pour dĂ©passer sa culture particuliĂšre et pour rejoindre l'humanitĂ© de l'homme ces Ćuvres parlent Ă tous. On lira, Ă ce sujet, le livre d'Alain Finkielkraut, La dĂ©faite de la pensĂ©e. CONCLUSION GĂNĂRALE La culture nous rend-elle donc plus humain ? Le nous » de la question renvoie Ă la fois Ă l'individu et Ă l'humanitĂ© tout entiĂšre. A quelles conditions la culture peut-elle nous unir, nous moraliser, nous rendre meilleurs, plus civilisĂ©s, tolĂ©rants, bienveillants Ă l'endroit des autres cultures ? La diversitĂ© culturelle est-elle finalement une richesse et une chance pour l'humanitĂ©, ou faut-il y voir un obstacle ? La culture rend l'homme inhumain lorsqu'elle l'enferme dans son identitĂ©, lorsqu'elle dĂ©bouche sur l'ethnocentrisme, lorsqu'une culture particuliĂšre veut imposer aux autres un idĂ©al unique, lorsqu'elle est un facteur de conflits entre les hommes, lorsquâelle les oppose et les divise guerres, gĂ©nocides, colonialisme.... La culture rend l'homme inhumain lorsqu'elle l'isole des autres cultures et des autres ĂȘtres vivants. La culture dĂ©signe le soin, l'entretien Ă l'Ă©gard de sa propre nature c'est notamment la fonction des droits de l'homme, de la nature extĂ©rieure c'est la tĂąche de l'Ă©cologie, de sa propre culture c'est la mission de l'Ă©cole qui doit veiller Ă la conservation du passĂ© et de notre hĂ©ritage culturel et de la culture des autres c'est ce Ă quoi veille en particulier des institutions comme l'UNESCO. Il est ainsi possible d'affirmer Ă la fois l'unitĂ© du genre humain, la capacitĂ©, pour les hommes, de partager certaines valeurs fondamentales celles des droits de l'homme, par exemple, tout en reconnaissant l'irrĂ©ductibilitĂ©, voire l'incommensurabilitĂ©, des cultures entre elles. DĂšs lors, 15 une sociĂ©tĂ© n'est vraiment civilisĂ©e que si elle est capable de faire coexister des cultures diffĂ©rentes. La civilisation n'est pas un fait comme la culture, mais un processus historique, un idĂ©al moral, un horizon Ă atteindre. De ce point de vue, la civilisation serait plutĂŽt synonyme de progrĂšs, tandis que la culture serait synonyme de tradition. La civilisation comprend les valeurs morales et politiques qui ne sont pas inscrites spontanĂ©ment dans le tissu culturel. Aujourd'hui, il est difficile de ne pas associer Ă l'idĂ©e de civilisation celle des Droits de l'homme et du citoyen. C'est bien au nom des Droits de l'Homme que sont condamnĂ©es certaines coutumes archaĂŻques portant atteinte Ă l'intĂ©gritĂ© physique et morale des personnes excision.... SUJETS DE DISSERTATION - La culture rend-elle lâhomme plus humain ? - Lâhomme est-il un ĂȘtre Ă part ? Peut-on dire dâune civilisation quâelle est supĂ©rieure Ă une autre ? - Peut-on juger la culture Ă laquelle on appartient ? - La pluralitĂ© des cultures est-elle un obstacle Ă lâunitĂ© du genre humain ? - Peut-on parler Ă bon droit dâhommes âsans cultureâ ? DĂFINITIONS A CONNAITRE - La culture l'ensemble des faits symboliques qui ajoutent Ă la nature une signification dont celle-ci semblait dĂ©pourvue; la formation spirituelle ayant Ă©levĂ© le goĂ»t, lâintelligence et la personnalitĂ© Ă la dimension de lâuniversel; au sens sociologique, la culture est un ensemble complexe incluant connaissances, techniques, traditions, et caractĂ©risant une sociĂ©tĂ© ou un groupe donnĂ© il nây a donc pas de sociĂ©tĂ©s humaines sans culture. - La civilisation au sens moral, impliquant un jugement de valeur, la civilisation est la conquĂȘte spirituelle de lâhomme par lui-mĂȘme, par opposition aux Ă©nergies qui seraient purement animales ou barbares»; processus de perfectionnement orientĂ© vers un progrĂšs du genre humain. - L'ethnocentrisme tendance Ă considĂ©rer le groupe socio-culturel auquel on appartient comme un centre, un modĂšle de rĂ©fĂ©rence, une norme, et Ă rejeter ainsi la diversitĂ© culturelle. - Le relativisme culturel conception selon laquelle il nâexiste pas de valeurs universelles et de civilisation supĂ©rieure Ă une autre ; toutes les cultures se valent et sont respectables. RepĂšres universel/gĂ©nĂ©ral/particulier/singulier, en puissance/en acte - L'universel est universel ce qui est valable pour tous les cas sans exception, partout et toujours, ce qui est reconnu pour tous les hommes. - Le gĂ©nĂ©ral ce qui correspond Ă la grande majoritĂ© des cas ou ce qui a Ă©tĂ© constatĂ© Ă chaque fois, mais dont nous ne pouvons pas affirmer qu'il en sera toujours ainsi sans exception. 16 -Le particulier est particulier ce qui est valable pour une partie seulement d'une totalitĂ©, ce qui appartient en propre Ă un individu. - Le singulier est singulier ce qui est valable pour un individu ou une totalitĂ© individuĂ©e, ce qui fait qu'un ĂȘtre est unique, original et se distingue vraiment des autres. - En acte / en puissance» En puissance» renvoie Ă une promesse, une potentialitĂ©, Ă quelque chose qui est possible mais qui n'est pas encore rĂ©alisĂ©. En acte» renvoie Ă une rĂ©alitĂ©, au fait que la promesse ou la possibilitĂ© a Ă©tĂ© effectivement tenue et mise en Ćuvre. CITATIONS A RETENIR Lâhomme est lâanimal qui nâest pas encore fixĂ© de maniĂšre stable » Nietzsche, Par-delĂ bien et mal, § 62. Câest dans le problĂšme de l'Ă©ducation que gĂźt le secret de la perfection de la nature humaine » Kant, RĂ©flexions sur lâĂ©ducation. Tout est fabriquĂ© et tout est naturel chez lâhomme » Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception. Il n'y a rien qu'on ne puisse rendre naturel; il n'y a pas de naturel qu'on puisse faire perdre » Pascal, PensĂ©es, fragment 94. L'homme qui mĂ©dite est un animal dĂ©pravĂ© » Rousseau, Discours sur l'origine de l'inĂ©galitĂ©. Le barbare, câest dâabord celui qui croit en la barbarie » LĂ©vi-Strauss, Race et histoire. BIBLIOGRAPHIE - - - Alain Finkielkraut, La dĂ©faite de la pensĂ©e. Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, PUF, 1971. Emmanuel Kant, TraitĂ© de pĂ©dagogie, Hachette Classiques, 1981 IdĂ©e dâune histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Bordas, 1988. Claude LĂ©vi-Strauss, Race et histoire, Gonthier, 1961. Amin Maalouf, Les IdentitĂ©s meurtriĂšres, Grasset et Fasquelle, 1998. Blaise Pascal, PensĂ©es, et 94, Garnier-Flammarion, 1976. Pascal Quignard, La haine de la musique, VIIe TraitĂ©, Gallimard, 1996. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur lâorigine et les fondements de lâinĂ©galitĂ© parmi les hommes, Garnier-Flammarion. Lettre Ă dâAlembert sur les spectacles, Garnier-Flammarion. Michel Terestchenko, Un si fragile vernis dâhumanitĂ©. BanalitĂ© du mal, banalitĂ© du bien, La DĂ©couverte, 2007. Films - Peter Brook, Sa majestĂ© des mouches Lord of the flies. François Truffaut, Lâenfant sauvage. LycĂ©e franco-mexicain â Cours Olivier Verdun
Enun sens plus moral, humain signifie ce qui manifeste lâhumanitĂ© dâun ĂȘtre, en particulier le fait dâĂȘtre sensible Ă la pitiĂ©, de faire preuve dâindulgence et de comprĂ©hension. Ici, la question porte sur la relation entre la culture et le fait dâĂȘtre plus humain. Ainsi Par null null and Les Podcasteurs, dĂ©couvert par Player FM et notre communautĂ© - Le copyright est dĂ©tenu par l'Ă©diteur, non par Player F, et l'audio est diffusĂ© directement depuis ses serveurs. Appuyiez sur le bouton S'Abonner pour suivre les mises Ă jour sur Player FM, ou collez l'URL du flux dans d'autre applications de podcasts. Les gens nous aiment! Critiques d'utilisateurs "J'adore la fonction offline" "Câest "le"moyen de gĂ©rer vos abonnements aux podcasts. Câest Ă©galement un excellent moyen de dĂ©couvrir de nouveaux podcasts." Episode 7- La culture nous rend elle plus humain? â S'abonner â Souscrire â AbonnĂ© â Souscrire Partager Manage episode 330051050 series 2606179 Par null null and Les Podcasteurs, dĂ©couvert par Player FM et notre communautĂ© - Le copyright est dĂ©tenu par l'Ă©diteur, non par Player F, et l'audio est diffusĂ© directement depuis ses serveurs. Appuyiez sur le bouton S'Abonner pour suivre les mises Ă jour sur Player FM, ou collez l'URL du flux dans d'autre applications de podcasts. Philosophy Is Sexy nâest pas quâun podcast, câest une parenthĂšse intime, un pas de cĂŽtĂ©, pour oser la philosophie, la dĂ©sacraliser, la remettre au cĆur de notre vie et se laisser inspirer. Marie Robert, auteure du best-seller traduit en quinze langues, "Kant tu ne sais plus quoi faire", de "Descartes pour les jours de doute" et"Le Voyage de PĂ©nĂ©lope" Flammarion-Versilio nous interpelle de son ton complice et entrainant. La prof quâon aurait aimĂ© avoir, celle surtout qui va faire des philosophes nos prĂ©cieux PĂ©dagogique des Ă©coles Montessori Esclaibes. PhilosophyIsSexyProduction Les podcasteursMusique Originale Laurent AkninNotre politique de confidentialitĂ© GDPR a Ă©tĂ© mise Ă jour le 8 aoĂ»t 2022. Visitez pour plus d'informations. 57 episodes Ă Bienvenue sur Lecteur FM! Lecteur FM recherche sur Internet des podcasts de haute qualitĂ© que vous pourrez apprĂ©cier dĂšs maintenant. C'est la meilleure application de podcast et fonctionne sur Android, iPhone et le Web. Inscrivez-vous pour synchroniser les abonnements sur tous les appareils. Player FM - Application PodcastMettez-vous hors ligne avec l'application Player FM ! Ainsila culture rend plus humain car elle enseigne et lâhomme apprend Ă vivre mieux, Ă comprendre. Par exemple, le Racisme semble plus liĂ© Ă une mauvaise culture quâĂ une vĂ©ritable haine de lâhomme. Pour Freud « aimer son prochain » nâest pas naturel mais culturel. Câest aussi ce qui a permis Ă lâhomme de sâĂ©carter de lReport This Please specify an ID for the Contact Form in Video Settings > Video Post > Spam Flag-Contact Form 7 ID or Spam Flag-Gravity Form ID
Ellenous rend humains mais, cette fois, s'interroger sur le « plus » ou le « moins » perd toute signification: les Inuits ne sont pas plus humains, ni moins, que les Nambikwara ou les Berrichons. La culture numĂ©rique rendra-t-elle les gĂ©nĂ©rations futures plus humaines? C'est finalement ce que veut dire « humain » qui doit ĂȘtre approfondi. S'il s'agit du statut de notre